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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

présentent une face spéciale de la vie des États-Unis ; le voyageur qui les parcourt n’est pas édifié, car nulle part un effort relatif aux masses n’élève ici, comme dans les États libres, la vie individuelle et politique. Mais il est amusé par la foule des objets nouveaux et extraordinaires, des personnes admirablement cultivées et agréables, étincelantes comme le diamant dans le sable qu’il rencontre. Un nouveau monde naturel rempli de trésors est ouvert devant lui ; il est fasciné par la nature particulière du Sud, par son air délicieux durant la plus grande partie de l’année, par les forêts primitives qui longent les rivières rouges, leurs arbres de mille espèces différentes, leurs fleurs, leurs plantes grimpantes, leur oiseau à cent langues, ce rossignol de l’Amérique ; par le grand nombre de ses arbres magnifiques, le chêne vert avec ses longues lianes flottantes, le magnolia et ses grandes fleurs blanc de neige, ses cyprès, le tulipier, l’arbre à ambre, les palmiers éventails : par sa richesse en fait de soleil, de parfum ; par le chant des oiseaux, et ses fruits délicieux. Au milieu de ce beau monde naturel sont les nègres avec leur animation particulière que l’esclavage n’a pu détruire, leurs fêtes et leurs hymnes religieux, leurs gaies chansons. — Mais, si le voyageur dans le sud n’est point édifié, comme dans le nord de l’Union, par de grands et nobles efforts, de grandes et généreuses institutions, il se ranime agréablement, se repose, jouit, s’il n’est pas troublé par quelque nouvelle expérience amère de l’injustice que les lois maintiennent ici, s’il ne s’irrite pas contre les gens qui, contrairement à la vérité et à la saine raison, prennent la défense de ces lois, comme s’il s’agissait d’une chose bonne et permise.

La querelle au sujet des esclaves est la grande question