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LA VIE DE FAMILLE

couverts d’oiseaux, de fruits, de fleurs, de pain, de pâtisseries, de gruau, de légumes, d’une foule innombrable de bonnes choses. Le tout, arrangé avec élégance et ordre, rendait témoignage de la surabondance des biens de la terre et donnait lieu de penser involontairement qu’il serait impossible de souffrir de la faim sur notre globe si toutes choses y étaient bien ordonnées. Les étalages de fruits présentaient un véritable luxe. On y voyait briller beaucoup de fruits des tropiques, complétement nouveaux pour moi. Deux à trois mille personnes environ, acheteurs et vendeurs, étaient en mouvement dans ce marché, si bien ordonné et si joyeusement animé, qu’il était impossible de ne pas en être amusé. On déjeunait, on causait, on riait absolument comme dans les marchés de Paris, à haute voix, en badinant ; les noirs surtout, ces enfants des tropiques, rayonnaient d’une joyeuse vie. Le tout représentait une véritable scène méridionale imprégnée de soleil, d’animation, de gaieté et de bonne humeur.

Les Indiens se tenaient sur les limites extérieures de la place du marché. De petites filles assises à terre, enveloppées dans leurs couvertures avec un air grave et roide, tenaient les yeux baissés sur des linges étendus devant elles, où quelques racines et plantes sauvages apportées par elles étaient exposées en vente. Derrière elles et en deçà du marché, des petits garçons indiens tiraient avec leurs arcs des flèches en l’air, pour engager les blancs de leur âge à faire l’acquisition de ces armes joujoux. Les garçons rouges, le front orné de plumes et de quelques rubans de couleurs éclatantes, présentaient un grand contraste avec les petites filles pâles, timides et non parées. Ces enfants appartenaient aux tribus des Choctaws et des