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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

mesure que le nombre des émigrants, venus des États fondés par les pèlerins, augmente, qu’ils prennent pied, et que l’école, l’église et la bonne presse périodique s’y casent.

La vallée du Mississipi a place pour deux cents millions d’habitants, et l’Union américaine assez de cœur et de puissance pour accueillir tous les étrangers, tous les enfants mal partagés et malheureux de la terre, et leur donner une part de son sol, de sa vie intellectuelle.

Cette vallée du Mississipi, région centrale de l’Amérique du Nord, représente dans son étendue tous les traits principaux qui distinguent le grand empire des États-Unis, (dans lequel je comprends, sans égard au peuple et à la nature, les colonies anglaises du Nord). On y trouve, à partir des sources du Mississipi dans le Minnesota septentrional, jusqu’à l’embouchure de ce grand fleuve dans le golfe de Mexique, tous les climats (excepté les plus septentrionaux), tous les produits de cette partie du monde, tous les peuples divers qu’elle contient. Dans le Minnesota, nous voyons les Indiens en prospérité ; ici est domicilié, dans la forêt de pins, l’hiver frais de notre pays. Là se trouvent des sources magnifiques, des rivières, des lacs riches en poissons, des chasses abondantes, un sol à blé très-bon, mais non cultivé. Les Norwégiens et les Danois ont commencé à pénétrer dans cette contrée, mais leurs colonies proprement dites, et celles des Suédois, sont maintenant au sud du Minnesota, dans le Visconsin et l’Illinois, dont la nature grande et lumineuse ressemble à une idylle. Ici grandit peu à peu une nouvelle Scandinavie, et j’éprouve une joie réelle de pouvoir dire, avec vérité, que nos compatriotes sont considérés comme des gens loyaux, laborieux et bons. Ils sont obligés de travailler rudement, d’endurer bien des privations en commençant ; mais à mesure que le