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LA VIE DE FAMILLE

préceptes, qui sont la voie de la vérité et de la vie ; placés sur ce roc, ils fondent la vie de l’État et de la société. Le droit à devenir un grand peuple se trouve dans la christologie des Anglo-Américains. C’est l’esprit du Rédempteur du monde qui en fait les conquérants du monde.

Quand on s’éloigne des États du Nord-Est, les premiers où ont été plantés les étendards de la religion et de la liberté, et qu’on se dirige à l’Ouest jusqu’aux limites du désert, par delà le Mississipi, où l’Indien chasse encore, dresse ses tentes et allume des feux de nuit, c’est alors que l’on voit mieux la marche et la manière de procéder de cette nouvelle civilisation.

Votre Majesté a sans doute lu mainte fois des relations sur la merveilleuse chute du Niagara, sur les Prairies de l’Ouest, plus merveilleuses encore peut-être, où le soleil réfléchit son image dans un océan d’hélianthes que le vent fait ondoyer ; sur la croissance précipitée des États et des villes du Grand-Ouest ; sur le Mississipi, les mines d’or de la Californie, ce lion du Grand-Ouest. Mais on connaît moins, on a moins raconté les premiers pas de la civilisation, son premier germe dans le désert, et cependant c’est, ainsi que les grandes scènes de la nature, ce qui a le plus attiré mon attention. Il est intéressant de juger par les premiers pas d’un enfant comment il apprendra à marcher, de le voir grandir jusqu’à ce qu’il ait atteint la virilité.

Votre Majesté désire-t-elle voir comment l’enfant, — la civilisation du Nouveau-Monde fait ses premiers pas ?

Les arbres tombent sous la hache du colon sur le bord des rivières, — il y en a partout dans le Nouveau-Monde, — une petite maison en bois s’élève sur la lisière de la forêt et le bord de l’eau. Une femme est devant la porte te-