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LA VIE DE FAMILLE

tif au développement plus élevé et à l’importance de la femme dans la société est un des traits les plus remarquables de la civilisation du Nouveau-Monde, l’un de ses plus grands mérites, et sa principale préoccupation d’avenir. Il s’agit maintenant de ne pas s’arrêter à mi-chemin. Je ne crois pas que le sentiment de justice, les sentiments chevaleresques des hommes, feront défaut aux femmes, quand elles prendront avec discernement et une noble gravité la place que la société veut leur faire ici.

C’est avec raison que l’on juge du degré de civilisation d’un peuple par son estime pour les femmes, et la place qu’elles occupent dans la société ; car, pour apprécier un être dont la force principale est tout intellectuelle, il faut posséder un degré supérieur de culture spirituelle. Les Américains ont prouvé qu’ils le possédaient, et ils le montreront à mesure que les femmes de leur pays s’en rendront dignes.

J’ai parlé d’un courant civilisateur et de progrès qui éntraîne, dans les États libres, tous les membres de la société, et cité les écoles populaires comme son instrument le plus essentiel, Ces établissements, et d’autres encore qui sont favorables au développement de l’homme, appartiennent à l’État ; mais à côté de ceux-ci s’opère un mouvement de développement libre de la nation, que je comparerai à la circulation de la séve dans un arbre sain. L’association libre remplace les anciennes corporations, comme ordonnatrice et protectrice des intérêts divers, des diverses fonctions de la société. C’est ainsi que surgissent les corporations religieuses, morales, industrielles, dans la grande société et dans des rapports fidèles avec elle, tandis que la bonne volonté, l’énergie et les dons particuliers de chaque individu sont mis à contribution pour les maintenir à leur