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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

das indiens dont les ruines excitent encore notre admiration n’ont pu être écrits que sous les palmiers et dans un air comme celui-ci ; que les légendes ingénieuses, le jeu des échecs, la danse aérienne des bayadères, mainte science, des arts propres à embellir la vie, n’ont pu naître que dans un climat où la vie naturelle ressemble à un jour de fête. Ce qui a fleuri une fois peut être reproduit, dans les mêmes conditions, par une civilisation nouvelle et plus élevée. Le cercle tropical de l’Orient a produit sa fleur, celui de l’Occident présentera la sienne à la lumière du christianisme ; maintenant on pressent seulement ce qu’elle sera un jour, en voyant la vie naturelle si magnifique qui est encore son unique production.

Mais c’est du peuple et des États de l’Amérique du Nord que, suivant son désir, je dois parler à Votre Majesté, et c’est d’eux surtout que je vais l’entretenir ; car, si Votre Majesté aime les beautés de la nature, elle aime encore davantage ce qui se rapporte au bien-être de l’homme, à sa félicité dans le sens le plus élevé. Votre Majesté n’est-elle pas une de ces mères de l’humanité haut placées et bonnes qui prennent la jeune génération dans leurs bras pour l’élever, la rapprocher davantage du Père de l’amour et de la perfection ? N’est-ce pas entourée des orphelins qui levaient les yeux vers vous comme vers une mère que j’ai vu Votre Majesté la première fois une veille de Noël, lorsque le sapin septentrional étincelait de lumière, à la grande joie des enfants en l’honneur de leur ami céleste ? N’ai-je pas entendu alors Votre Majesté exprimer le désir et l’espoir que la terre vit surgir une société dont tous les membres seraient à même d’acquérir la vertu, l’instruction, le bien-être, par son activité ; une société chez laquelle la bonté et la capacité formeraient l’aristocratie la plus haute, où