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LA VIE DE FAMILLE

homme qui était derrière le comptoir me rendit poliment mon argent en me disant : « Cela ne coûte rien, madame. » Je me souvins alors de ce que j’avais entendu dire de la galanterie espagnole de Cuba. En me retournant, j’aperçus M. Sauval à l’autre extrémité de la pièce, près de la porte, et la chose fut expliquée. « Ah ! voilà de vos tours espagnols ! » lui dis-je. Il sourit, tout en paraissant désirer de ne pas être remercié. Il m’arriva un jour de faire l’éloge d’un petit panier que sa femme tenait à la main. Je fus obligé sur-le-champ de l’accepter ; toutes mes protestations furent inutiles. J’aurais véritablement peur ici de faire l’éloge de quelque chose.

Je vais dire adieu aux Tolmé, aux Schaffenberg, et finir quelques lettres. La prochaine fois que je t’écrirai, ce sera des États-Unis. J’ai humé une nouvelle vie à Cuba, mais je ne pourrais pas y vivre ; il me faut pour cela un lieu où vit et grandit la liberté.

LETTRE XXXVIII



Cuba, Indes occidentales, avril 1851.

Madame,

Les dernières paroles que Votre Majesté a daigné m’adresser la dernière fois que j’ai eu le bonheur de la voir à Sans-Souci ont été : « Écrivez-moi d’Amérique. » Ces pa-