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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

terre les nourrit sans qu’ils se donnent beaucoup de peine.

C’est pourquoi, presque toutes les grandes plantations de la Jamaïque se sont trouvées bouleversées et leurs propriétaires ont succombé. La plupart de ces plantations sont en vente à vil prix.

Cependant j’ai entendu dire à deux grands planteurs de cette île, un Anglais et un Espagnol, qu’ils n’ont pas lieu de se plaindre, et ont toujours obtenu des nègres le travail dont ils avaient besoin. Je présume qu’ils n’en exigeaient guère et traitaient bien les nègres.

Le 8 mai, au matin.

J’ai vu pour la dernière fois la grande perspective de Cuba de la terrasse supérieure de la maison d’Alfred Sauval. J’ai vu pour la dernière fois ses beaux bosquets de palmiers, ses jolies habitations, son doux ciel, sa mer bleue et limpide, et respiré son air ravissant, enchanteur. Je m’embarquerai cette après-midi sur l’Isabelle, et dirai adieu pour toujours aux palmiers, aux ceiba, aux cucullos, aux contredanses, aux boulingrins, aux constellations, aux tambours africains, aux danses, aux habitants heureux et malheureux, à l’enfer, au paradis de Cuba !

J’ai dit adieu à de bons amis, j’ai dessiné le monument de Colomb à la Place d’Armes, et suis allée pour la dernière fois à ma chère courtine de Valdez voir les flots se briser contre le rocher de Morro. En retournant chez moi, je suis entrée dans une grande boutique, et j’ai demandé deux livres de bonbons que j’avais l’intention de donner à quelques petites filles. Lorsque je voulus payer, le jeune