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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

élégance. Il n’est pas rare de voir dans les magnifiques promenades des mulâtresses se promener avec des fleurs dans les cheveux et ayant avec elles leur famille.

Dans les boutiques de tabac, ce sont ordinairement des mulâtres qu’on charge de la vente ; souvent la boutique leur appartient. Les noirs fument des cigares tout comme les blancs ; beaucoup de femmes de la seconde et de la troisième classe fument aussi leur cigarette. On soutient qu’un tiers de la population de Cuba est occupé à confectionner des cigares, et les deux autres à les fumer.

On distingue fort bien, parmi la population blanche des villes, deux espèces de physionomies. L’une a les traits fins, le visage ovale, et souvent une expression fière et sombre, elle appartient à la race castillane. L’autre a la figure ronde, des traits larges, une expression joviale, plébéienne ; elle appartient aux Catalans. Le Castillan est maigre, l’autre gras. On trouve souvent des Castillans parmi les fonctionnaires et des Catalans parmi les négociants ; ceux ci forment corps entre eux, et sont dans des rapports peu favorables avec les Castillans et les créoles ; ces derniers sont bonnes gens et paraissent redevables au climat de la douceur de leur esprit et de leur caractère.

Parmi mes tentations à Cuba se trouve un voyage à la Jamaïque, très-facile à faire et que j’aurais mis à exécution assurément si j’avais eu plus de temps. Il m’aurait été agréable de voir dans cette île les nègres formant une société chrétienne se gouvernant elle-même. Par M. Tolmé père et quelques-unes de ses connaissances à la Jamaïque, j’ai pu cependant me faire une idée assez nette de la situation des noirs dans cette île. Il paraît que les nègres chrétiens libres restent assez fidèles au caractère qu’ils montrent en Afrique. On leur a construit de grandes maisons,