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LA VIE DE FAMILLE

vaient plus que des tronçons de doigts, et ses pieds seulement des chevilles, sur lesquelles cependant il pouvait se tenir et marcher à l’aide d’un bâton ; il pouvait de même, avec les tronçons de ses doigts, se soigner ainsi que son petit ménage. Sa demeure se composait d’une pièce d’entrée, d’une chambre à coucher, d’une cuisine et d’un jardin où il cultivait quelques bananes et légumes. Le tout était petit, mais convenable et propre. Les autres malades étaient logés de même. Rien de ce qui pouvait adoucir leur mort lente ne leur manquait. Ici encore, l’amour du Christ venait au-devant des enfants les plus souffrants des hommes, en leur donnant un asile d’où ils jouissaient de la vue magnifique de l’Océan, des fleurs ; en y ajoutant la prière, des lectures pieuses, ils passaient leurs jours sans inquiétude ni trouble, et dans l’attente de celui qui devait les délivrer de leur corps et les réunir à un monde glorieux. Les êtres sans espoir peuvent vivre ici en vue des plus belles espérances.

Un autre et fort bel établissement de bienfaisance de la Havane, c’est « la maison de charité ; » elle contient plusieurs centaines d’orphelins privés de leurs mères. Ils y reçoivent l’éducation, et l’on donne à chacun d’eux, au moment de sa sortie, une sorte de dot se montant à cinq cents pesos, avec lesquels ils peuvent commencer une vie indépendante.

De l’infirmerie de Saint Lazare, M. Sauval m’a conduite au grand cimetière de la Havane, « le Campo Sancto. » C’est un vaste édifice en marbre blanc. Dans ses hautes murailles, du côté d’une immense cour, chaque famille a sa petite niche ou tiroir si, bien entendu, elle a le moyen de la payer. Chacun de ces tiroirs était pourvu d’une inscription en lettres d’or. L’étendue et l’élévation de ces