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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

d’un sentiment simple et très-élevé de la vie et de l’âme.

Quand le célèbre voyageur anglais Mungo Park (il le raconte lui-même), égaré dans les déserts de l’Afrique, fut repoussé avec horreur du village où il avait espéré trouver un gîte pour la nuit, il s’assit sous un arbre ; seul, affamé, épuisé de fatigue, il n’avait d’autre perspective que celle d’une mort misérable, « la tempête menaçait, et les bêtes féroces mugissaient à l’entour. » Alors, au moment du crépuscule, une femme qui revenait des champs le vit, en eut pitié, prit le mors et la selle du cheval (ce dernier avait été volé), et invita le malheureux voyageur à la suivre.

Elle le conduisit dans sa cabane, alluma sa lampe, étendit une natte à terre, et invita le voyageur à y passer la nuit ; elle prit aussi un beau poisson, le fit griller sur des charbons ardents, et le lui donna pour souper.

Pendant une grande partie de la nuit, elle fila du coton avec d’autres femmes dans sa cabane, et elles chantèrent pour s’égayer. L’une de leurs chansons était évidemment composée pour la circonstance. Une femme chantait d’abord seule, puis les autres reprenaient en chœur. L’air était doux, mélancolique. En voici les paroles :

« La tempête mugissait et la pluie tombait ; le pauvre homme blanc, fatigué et faible, s’assit sous notre arbre ; il n’a pas de mère pour porter son lait, pas de femme pour moudre son grain.

CHŒUR.

« Ayez pitié du pauvre homme blanc, il n’a pas de mère, » etc.

Si les femmes africaines qui sont en Amérique font en-