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LA VIE DE FAMILLE

bien la manière de traiter les nègres esclaves influe sur eux en bien comme en mal.

Un planteur français de Cuba, M. Chapeaud, est parti pour l’Europe il y a quelques mois en confiant le soin de ses esclaves et de sa plantation à un surveillant qui avait sa confiance. Cet homme, dur et violent, traita les esclaves avec rudesse, avec colère, et un mois ne s’était pas écoulé que tous les travailleurs de la plantation étaient en pleine révolte et la vie du surveillant menacée. Madame Chapeaud, femme que j’aurais voulu connaître, prit alors sur elle de renvoyer le surveillant et de se charger elle-même de ses fonctions. Protégée par un parapluie contre l’ardeur du soleil, elle allait dans les champs avec les nègres, y restait, surveillait leurs travaux, revenait au logis avec eux, et veillait à ce que la nourriture et le repos leur fussent donnés conformément à la justice et à la raison. À partir de ce moment, une obéissance et un ordre complet s’établirent dans la plantation. Les esclaves travaillent avec bonne volonté, étaient empressés à prouver leur dévouement à cette estimable femme. Elle continua à remplir les fonctions de surveillant jusqu’à ce que son mari eût trouvé quelqu’un en état de conduire sa plantation dans le même esprit.

Mon dernier soir à Concordia.

Les cucullos brillent dans un verre à côte de moi ; cependant j’écris à une lumière faite de main d’homme, parce que sa clarté, quoique moins jolie, est plus forte. Elle éclaire mon dernier soir à la Concordia. J’ai appris ici beaucoup de belles choses concernant la nature, les