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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

compte sur vous, je mets ma confiance en vous, vous me répondrez de la conduite des nègres. Si vous remarquez quelque désordre parmi eux, venez me le dire. » Ils le promirent.

« J’avais alors, comme maintenant, de la peine à dormir. Une fois, entre deux et trois heures du matin, je me levai, et, regardant par la fenêtre, je vis avec surprise l’un de mes surveillants armé, faire sentinelle devant la maison. Je l’appelai et lui demandai : « Y a-t-il quelque chose ?

— Non, madame, tout est calme, mais nous avons pensé, mes camarades et moi, que des nègres de… pourraient venir ici vous inquiéter, et nous avons décidé de veiller alternativement la nuit devant votre maison, afin que vous puissiez dormir en repos. »

« Je le remerciai de cette preuve de dévouement, et lui demandai comment les nègres se conduisaient.

« Encore mieux que d’ordinaire, me répondit cet homme, ils savent que vous avez confiance en eux et veulent prouver qu’ils la méritent. Madame peut être parfaitement tranquille. »

Avec cette expérience du caractère, de la fidélité, du mérite des nègres, cette noble femme doit souffrir beaucoup des violences et des injustices qu’elle a vu et voit commettre encore par beaucoup de propriétaires d’esclaves. « Souvent, me dit-elle un jour, l’amertume que j’en ressentais m’a fait souhaiter qu’ils puissent tous conquérir leur liberté. »

Je remarque souvent chez madame de Carrera un tressaillement pour ainsi dire douloureux, et je l’entends pousser un soupir lorsque le fouet, qui appelle les esclaves au travail se fait entendre. Elle n’a pu parvenir à faire disparaître d’ici ce vilain signal. Tous les jours, vers onze