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LA VIE DE FAMILLE

ticulier de deux frères du nom de Duncan, banquiers dans cette ville, hommes sérieux et de cœur, remarquables, dit-on, par leur amour fraternel et leur esprit national. Mon compatriote, M. Schmidt, est venu causer avec moi ce soir. Il habite depuis longtemps la Nouvelle-Orléans, connait beaucoup de choses, est ouvert, communicatif, sa société m’est fort profitable.

Ma vie dans cette maison est des plus charmantes. J’ai réellement joui de ce mauvais temps, parce qu’il m’a donné le loisir de dessiner et de lire ; le dessin est un véritable délassement pour moi. J’ai fait le portrait de quelques-uns de mes amis et peint celui de ma petite servante, jolie et sombre mulâtresse. Elle a de beaux yeux, un mouchoir jaune noué sur le front comme les négresses de la Louisiane ont l’habitude de le porter. Elle a été jusqu’ici, comparativement, une esclave heureuse.

« Tes maîtres ont-ils été bons envers toi ? lui demandai-je.

— Ils ne m’ont jamais adressé une parole dure, Mame, » répliqua-t-elle.

Dimanche 5 janvier.

Vite et succinctement quelques mots sur — mes faits et gestes, sur les choses qui m’ont occupée ces derniers jours.

Hier, dans la matinée, j’ai visité les prisons de la ville, accompagnée par le directeur et quelques magistrats distingués. Les soins extérieurs donnés aux prisonniers me semblent bons ; l’ordre et la propreté dominent ici comme partout où la race anglo-américaine fait la loi. Relativement à l’ordre intérieur, je me souviens de ce qui suit :