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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

montagnes de ses environs. On trouve parmi ces dernières des plantations où la chaleur n’est jamais trop forte, où les vents frais de la mer folâtrent sans cesse, où le gazon verdit toute l’année, et des habitations aérées ayant de grandes perspectives sur l’Océan. San Antonio est connu aussi par sa rivière souterraine. Je compte aller à sa découverte quand j’aurai expédié le guide que mon ami Don Manuel m’a procuré, en me disant en confidence : « C’est un grand coquin, » réputation tellement justifiée par son extérieur, que cet homme m’a paru capable de me lancer en un tour de main dans la rivière souterraine. Je me suis donc excusée en rejetant la faute sur le vent. Il souffle tellement dans ma chambre, que je ne puis plus écrire. Mon papier voltige continuellement.

Cafetal la Concordia, le 27 avril.

Depuis la dernière fois que je l’ai écrit, de petits ennuis, de petites aventures de toutes sortes me sont survenus ; mais les choses se sont arrangées pour le mieux. Je suis maintenant contente et tranquille dans la jolie plantation de madame de Carrera.

Il m’a fallu, à San Antonio, passer toute la journée seule dans ma petite posada ; mais ma chambre, quoique nue, était propre, et Raimundo, le domestique de la maison, fort respectueux et, avenant, commença insensiblement, par un effet de sa bonne volonté, je crois, à me comprendre. Sans mon isolement dans la posada et mes petites contrariétés, je ne connaîtrais pas San Antonio comme je le fais maintenant, et c’eût été grand dommage.

Après le dîner, repas composé de bœuf bouilli et de racines de yam, l’air commençant à se rafraîchir, j’allai