Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Ces assemblées n’ayant lieu ordinairement que les dimanches après-dîner ou soir, nous sommes allées, après avoir dîné, dans la rue des Cabildos ; elles l’occupent tout entière, et touchent à l’une des barrières d’octroi. Cette rue est formée d’un côté par un mur de fortification, et de l’autre par un mur dans l’épaisseur duquel sont les salles des nègres. La rue fourmillait de noirs, les uns chamarrés de rubans et de grelots, les autres sautant, gambadant. Il y avait là une sauvage, mais non pas violente irrégularité ; plusieurs tambours africains se faisaient entendre de divers côtés. À la porte des différentes salles se tenaient des masses d’hommes blancs, la plupart des marins, qui cherchaient à regarder dans ces salles, puisqu’il ne leur était point permis d’y entrer. Quelques nègres se tenaient à la porte avec des bâtons, barraient le passage sans colère, en laissant la porte seulement entr’ouverte. Au cabildo des Lucomans, M. C. parvint, avec un peu de peine, à mettre la tête à la porte et à demander pour « la dame » la permission d’entrer. Quelques têtes de nègres parurent à la porte, et lorsqu’ils virent mon chapeau et mon voile blanc, les fleurs avec lesquelles je me pare plus ici qu’en Suède, ils prirent un air bienveillant et accordèrent l’entrée à la dame et aux messieurs qui l’accompagnaient. Mais le chemin fut immédiatement barré à ceux qui voulurent nous suivre.

On nous donna des chaises pour nous asseoir, non loin de la porte ; on nous présenta au roi et à la reine de la réunion, qui nous firent bonne mine et nous laissèrent ensuite la liberté de regarder paisiblement autour de nous.

La salle était assez grande et pouvait contenir une centaine de personnes. Sur le mur en face de nous était peint un trône, avec couronne et dais. Là se trouvaient des sié-