Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

avec magnificence de la mer. Un vieux marin hâlé, créole espagnol et ses deux jeunes fils nous servaient de rameurs. La mer était complétement tranquille ou ne formait que de longues ondes dépourvues d’écume. Ceci était nécessaire pour entrer sans danger dans la Canima ; car, par un temps plus rude, les vagues se brisent avec violence à son embouchure. Cuba a une foule de rivières provenant des montagnes, mais elles sont toutes moyennes et navigables pendant un espace plus ou moins long seulement.

Après avoir ramé durant une demi-heure environ, nous entrâmes dans la Canima, petite, mais limpide rivière qui serpente entre de hautes murailles escarpées, formées par des montagnes couvertes de plantes tropicales. Sur ces dernières s’agitaient en groupes pittoresques des palmiers éventails, et le long de ces murailles étaient suspendues, sur une quantité infinie d’arbres et de buissons, de jolies plantes aériennes à fleurs rouges, jaunes, blanches, pourpres ; des colibris verts voltigeaient autour d’elles. Plus rapprochés de la rive, il y avait des arbres et des arbrisseaux de bambous penchés vers l’eau avec un mouvement d’une grâce si incomparable, que j’en fus ravie. L’ombre des montagnes s’étendait sur la rivière entièrement calme, et nous offrant dans son monde tropical un beau mystère. Nous la remontâmes ainsi pendant plusieurs heures, et chaque nouveau coude nous faisait découvrir des beautés nouvelles, quoique toujours du même genre : des palmiers, des aloès, des bambous, des plantes aériennes, des colibris. Un bel oiseau blanc à long cou, et ressemblant à un petit cygne, voltigeait constamment un peu en avant de nous, s’abattait sur le rivage pour se reposer, et reprenait son vol dès que nous approchions, comme s’il eût voulu nous montrer le chemin. Mais le soleil montait dans cette