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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

partenant à un seul maître. Celui-ci, s’étant rendu caution pour un de ses amis qui vient de faire faillite, est obligé, pour ne pas déshonorer sa signature, de vendre quelques-uns de ses fidèles serviteurs. Ce n’est donc point par suite des fautes qu’ils auraient commises ou autres défectuosités que ces esclaves sont vendus. Ce sont des serviteurs fidèles et parfaits, une nécessité impérieuse a pu seule décider leur maître à s’en séparer. Ils valent un prix des plus élevés ; quiconque les achètera peut être certain que cette acquisition augmentera le bien-être de sa maison. »

Puis il fit signe à l’une des femmes d’approcher, et lui donna la main pour monter sur le tabouret, où elle resta debout à côté de lui. C’était une grande mulâtresse, bien faite, d’un extérieur agréable quoique triste, d’un maintien remarquablement timide et noble. Elle tenait dans ses bras un tout jeune enfant endormi, qu’elle regarda continuellement la tête baissée pendant la vente, et portait une robe grise montante ; un mouchoir jaune pâle à carreaux bruns était noué en bandeau autour de sa tête. Le commissaire se mit à faire devant l’assemblée l’éloge de toutes les bonnes qualités de cette femme, de ses talents et de sa capacité, de son caractère, de son bon esprit, de son amour de l’ordre, de son habileté extraordinaire à soigner une maison, de sa piété, et ajouta que l’enfant, ne devant pas en être séparé, augmentait sa valeur. Puis il cria à haute voix :

« Eh bien, messieurs, combien pour cette femme véritablement supérieure, distinguée, etc., etc., et son enfant ? »

Et, en même temps, le bras, l’index tendus, il indiquait chacun des hommes debout autour de lui, qui répondaient