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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

la voir. Cette jolie constellation était dans toute sa beauté au centre d’une obscurité paisible. Ses étoiles sont de seconde grandeur, et l’une d’elles de troisième ; mais les proportions sont tellement parfaites entre elles, que la figure est frappante au plus haut degré. La croix lumineuse était tellement solitaire dans le ciel du sud avec son pied touchant presque la terre, et les bras tendus vers elle, qu’elle a fait sur moi une impression solennelle et mélancolique. Les étoiles du Centaure formaient une auréole au-dessus de la croix, et de chaque côté les deux grandes étoiles Cercinus et Robur paraissaient lui servir de gardiens.

Après minuit la croix inclina à droite et descendit insensiblement vers la terre. Plus avant dans l’année, elle monte et reste longtemps au firmament. La nuit était fort obscure et cependant transparente ; il ne faisait point d’air. La beauté de nos nuits de la Saint-Jean dans la Suède septentrionale peut rivaliser avec celle-ci, mais elle est d’une autre espèce.

En me détournant de la Croix du Sud et des palmiers entre lesquels elle brillait, je vis dans le ciel septentrional, au-dessus d’un beau Ceiba de la cour, l’étoile polaire et la Grande Ourse, que j’ai chargée de mes compliments pour mon foyer.

Le 5 avril.

J’ai passé cette belle matinée au milieu des bosquets de bananiers, — qu’on trouve toujours dans les plantations de caféiers, — et j’ai dessiné l’arbre qui porte mon fruit favori. J’ai trouvé aussi des plantes de cotonniers en fleurs