Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Un surveillant supérieur allemand, M. D., attaché à la « Sonora, » plantation qui appartient aussi à M. Phinney, a dit des nègres esclaves :

« Ils ne sont pas difficiles à gouverner quand on est avec eux strict et amical en même temps. Ils aiment l’ordre et la décision chez leurs maîtres, et obéissent sans difficulté quand on les traite avec égalité et justice. Il ne faut pas être faible avec eux, mais il n’est pas nécessaire d’être dur ou cruel. »

C’est, je crois, la vérité ; il serait bon que bien des maîtres le crussent aussi, et se conduisissent conformément à cette croyance. Mais une humeur despotique et la colère les dominent souvent, et les esclaves en souffrent.

Mon aventure la plus remarquable depuis que je t’ai écrit la dernière fois, c’est que j’ai vu la Croix du Sud et des cucullos, mouches lumineuses de Cuba, qui commencent à se montrer. Ce ne sont pas, à proprement parler, des mouches, mais des escarbots. Sous le rapport de la forme et de l’extérieur, ils ressemblent aux nôtres, mais sont plus longs et plus étroits. Leur vol est le même, seulement il est plus calme, beaucoup plus élevé, et accompagné d’un bourdonnement plus fort. Les cucullos sont lumineux de deux manières : quand ils rampent ou restent immobiles, la clarté part de deux petits points ronds placés immédiatement derrière les yeux. (J’ai lu hier soir à cette lumière sans aucune gêne, en promenant un cucullo au-dessus des lignes comme une petite lampe). Quand ils volent, une lumière forte et claire sort d’une ouverture près du ventre ; elle brille et ne s’éteint pas avec vivacité, comme chez les autres mouches lumineuses américaines, mais elles éclairent avec calme tant qu’elles volent. Tu ne peux rien imaginer d’aussi joli. Représente-toi Vénus, Ju-