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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

due et touche à d’autres qui sont administrées suivant le caractère de leurs propriétaires, — et nous savons comment les choses se passent. Si l’on ajoute à ceci la position et le gouvernement de l’île, la violence des fonctionnaires, le trafic des esclaves, les révoltes de ceux-ci, les enquêtes et les châtiments, une crainte continuelle… alors l’air céleste de Cuba ne peut donner de la joie à une vie passée dans de telles conditions !

On parlait l’autre jour dans notre cercle d’un négrier arrivé la semaine dernière à la Havane, avec une cargaison d’au moins sept cent cinquante enfants ; les plus âgés n’avaient pas dix-huit ans ; les plus jeunes étaient au-dessous de six ans. « Ceux qui font ce trafic, dit une mère de la société avec un sentiment amer, recevront un jour la récompense qu’ils méritent. » Et cependant, lorsque des créatures humaines doivent être emmenées de leur terre natale pour entrer en esclavage, il vaut mieux qu’elles y arrivent enfants ; l’esclavage leur semblera moins dur ; elles s’habitueront au bohen, au fouet, et n’auront pas ce souvenir de la liberté qui les conduit au désespoir et au suicide.




Au milieu de ces impressions, de ces pensées sombres, se place la beauté incomparable de l’air et de la végétation, qui me ravit, touche mon âme, la porte aux actions de grâces, et lui montre la vision d’un paradis futur.

Il y a dans la plantation de Sainte-Amélia Inhegno deux magnifiques allées de palmiers, cent, je crois, dans chaque ligne. Bon nombre d’entre eux sont en fleurs, celles-ci sont abondantes ; on dirait des ailes autour de la tige, un peu