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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Le 26 mars.

J’ai fait avec mon hôtesse quelques visites dans les plantations du voisinage. La plus agréable a été chez un jeune couple, M. et madame Belle-Chasse, créoles français. Leur visage exprimait une attrayante et humaine bonté. On assure qu’ils traitent bien leurs esclaves, et que M. Belle-Chasse songe à établir dans la Floride une plantation de sucre avec travail libre des nègres. Puisse-t-il réussir ! Une seule expérience de ce genre, tournant à bien en Amérique, y opérerait un grand changement à l’égard de l’esclavage. L’homme à qui elle serait due pourrait être compté au nombre des plus grands bienfaiteurs de l’humanité.

J’ai vu, chez M. et madame Belle-Chasse, deux enfants charmants, un jardin bien cultivé, contenant des plantes rares, et où se trouvaient des roses remarquablement belles, mais sans aucune odeur. L’ardeur du soleil, dit-on, leur enlève, ainsi qu’à d’autres plantes, tout parfum. M. et madame Belle-Chasse m’invitèrent à passer quelque temps chez eux ; mais il m’a fallu refuser leur invitation, ayant promis d’aller ailleurs. Les planteurs de Cuba sont extrêmement hospitaliers, et la vie des femmes étant assez uniforme dans les plantations, plus solitaires maintenant qu’autrefois, — le gouvernement espagnol a pesé lourdement sur Cuba depuis les derniers troubles, en levant de forts impôts, — elles accueillent avec plaisir l’hôte européen qui interrompt la monotonie de leur vie journalière.

Le caractère des plantations de sucre et l’existence qu’on y mène me paraissent à peu près les mêmes partout. Leur