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LA VIE DE FAMILLE

des tomates sauvages, des platanos ou des légumes, car ils ont, dans une partie de la plantation, de petits champs qu’ils peuvent ensemencer et récolter à leur guise. Chaque famille a également un porc qu’elle élève et vend tous les ans.

Dimanche, 17 mars.

C’est le matin et un jour férié ; mais le moulin à sucre marche, les claquements du fouet activent le travail sans interruption comme un jour ouvrable. On dit que dimanche prochain, les esclaves pourront se reposer quelques heures et danser s’ils le veulent. Mais — ils ont l’air si fatigué !

Il y a des plantations à Cuba où les esclaves travaillent vingt et une heures sur vingt-quatre : des plantations où il n’y a que des hommes qu’on active comme des bœufs et beaucoup plus rudement. Le planteur calcule ce qu’il gagne en faisant travailler ses esclaves de manière à ce qu’ils meurent au bout de sept ans, et en remontant dans l’intervalle son personnel d’esclaves frais amenés d’Afrique, qu’il peut acheter deux ou trois cents dollars pièce. La continuation du commerce des esclaves à Cuba est la cause de ce bas prix. J’ai entendu parler de bandes de six cents esclaves, traités et enfermés la nuit comme des forçats, dans certaines plantations de l’île.

C’est en voyant des rapports de ce genre qu’il est possible de s’engouer des sociétés idéales du socialisme, et que des hommes comme Alcott semblent des saints et des grands prêtres sur la terre. Combien les sociétés fraternelles paraissent belles, même avec leurs exagérations pleines d’amour, à côté des sociétés où l’on abuse épou-