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LA VIE DE FAMILLE

Carabillis et autres danser à l’africaine. Chaque nation s’y prend d’une manière un peu différente ; mais les traits principaux de ces danses sont les mêmes. C’est toujours un homme et une femme qui représentent une scène de courtiseur et de coquetterie, durant laquelle l’amant exprime ses sentiments, soit en tremblant de tous ses membres en tournant autour de la belle, on serait tenté de croire qu’il va tomber en pièces, soit en faisant des bonds hardis. Souvent il entoure sa dame de ses bras nus, mais sans la toucher. Cette figure varie selon les tribus. Un nègre carabillis passa tendrement l’un de ses bras autour du cou de sa beauté, et de l’autre main il plaça une petite pièce de monnaie en argent dans sa bouche. Le pousseur noir, petit homme laid (celui sous le fouet duquel je vois travailler les femmes) faisait usage de son autorité, soit pour embrasser pendant la danse les plus jolies dames avec lesquelles il dansait, soit en interrompant la danse des autres hommes avec les négresses qui dansaient le mieux, afin de prendre leur place. Tout membre de la réunion peut, en posant un bâton ou un chapeau entre deux personnes qui dansent, les séparer et prendre la place de l’une d’elles. C’est ainsi que souvent une femme dansait avec trois ou quatre hommes sans quitter la place. Les femmes aussi peuvent s’exclure mutuellement de la danse en jetant un mouchoir de cou entre les danseurs ; elles prennent ensuite la place de la femme, qui se retire. Ces changements paraissent toujours s’opérer avec beaucoup de gaieté. La personne expulsée avait l’air de se reposer un moment avec plaisir, pour recommencer ensuite. La danse de la femme exprime toujours une sorte de timidité mélangée de coquetterie, tandis que, les yeux baissés, elle tourne sur place, et ressemble beaucoup à une