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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

traordinaires. Je résolus d’y entrer. Sa petite barrière était dans le plus mauvais état possible, mais d’autant plus disposée à s’ouvrir. Elle me donna accès dans un sentier sablé qui, en se détournant à gauche, me conduisit vers une cabane en écorce de bouleau, couverte en palmes et ombragée par quelques cocotiers. Un peu plus loin était un bosquet de bananiers, de mangos et d’arbres dont les fruits blancs et ronds étaient suspendus aux branches. Près de la cabane se trouvaient les arbres fort élevés (évidemment une espèce de palmiers) qui avaient surtout fixé mon attention. Il y avait là aussi des buissons et des fleurs de cactus. En général, tout annonçait un ordre et des soins raisonnés qu’il n’est pas ordinaire de rencontrer dans les créations des enfants de l’Afrique. La cabane était bien construite, bien tenue ; on voyait que les arbres dont elle était entourée avaient été plantés con amore. La cabane avait aussi sa terrasse sous le toit de palmes, et sur la table étaient posées des cannes à sucre.

La porte était ouverte, le feu brûlait à terre, signe certain qu’un Africain l’habitait. Le soleil regardait par la porte, je fis comme lui. La chambre était spacieuse, bien arrangée et propre ; à gauche, assis sur son lit peu élevé, était un vieux nègre en chemise bleue et bonnet de laine, les coudes appuyés sur ses genoux, le visage tourné vers le feu et reposant sur ses mains. Il paraissait à moitié assoupi, ne me vit pas, je pus donc promener mon regard dans cette chambre. Une petite marmite en fonte, couverte d’une assiette, était sur le feu. À côté du feu était assis un chat moucheté de jaune, et près de celui-ci un poulet blanc se tenait sur une patte. Le feu, le chat, le poulet, tout paraissait sommeiller au soleil qui donnait