Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
LA VIE DE FAMILLE

délicieux du matin et dans cette vallée merveilleusement belle. Des êtres heureux et doux habitent sans doute la maison au milieu des palmiers qu’on voit là-haut sur la montagne. Entouré d’objets si beaux et si enchanteurs, l’homme doit nécessairement devenir doux et bon. Le soleil se lève sur la montagne, il fera chaud avant que nous ne soyons de retour à la ville. Nous avons du moins passé une belle matinée dans la vallée de Yumori.

J’ai fait quelques connaissances à Matanzas, et, par l’intermédiaire de l’une d’elles, j’ai pu visiter une grande plantation de café et de sucre des environs. J’y ai vu des allées formées par une foule d’arbres et de plantes rares des tropiques, une espèce de palmier dont les branches gigantesques étaient tortillées comme un tire-bouchon, et portaient des fruits gigantesques également ; puis une espèce de citronnier dont les fruits énormes ressemblaient à des citrons. On ne les considère pas comme tels.

Ce qui m’a surtout intéressée, c’est le palmier sagou, le palmier à dattes, l’arrow-root, les hybiscus, fleurs merveilleusement belles. J’étais ravie de me voir environnée de colibris qui voltigeaient autour de moi ; ils ne sont pas sauvages ici, et planent sans cesse au-dessus des jolies fleurs rouges dont Cuba semble se parer de préférence à celles des autres couleurs. Leur vol rapide comme une flèche, le mouvement calme des ailes qui les soutiennent tandis qu’ils sucent les fleurs, me causent une surprise et un plaisir continuels. Ces oiseaux ne peuvent se comparer à rien de ce que j’ai vu de la vie animale et humaine, et ne me semblent pas formés avec la poussière de cette terre. Ils paraissent cacher de préférence leurs nids dans les arbres qui croissent sur le bord d’un ruisseau ombragé par des masses serrées de feuillage. Parmi les choses curieu-