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LA VIE DE FAMILLE

ma dernière lettre n’a pas duré. Aujourd’hui il tombe du grésil, la température est humide et froide ; les jeunes arbres de la place Lafayette ont l’air piteux, les feuilles pendent comme des haillons. Cependant je suis parfaitement dans ma chambre claire, agréable, chaude, et sur ma cheminée brille une branche verte, chargée des plus charmantes petites oranges ; à côté sont deux grandes bouteilles contenant du véritable vin de la Louisiane, cadeaux de bonne année qui m’ont été envoyés par de bons et nouveaux amis ; ils m’ont donné ainsi l’été dans ma chambre et dans le cœur.

Parlons maintenant du Bushkitou, fête que les Indiens de ces contrées célébraient tous les ans sur les bords du Mississipi, à l’époque où les Européens y pénétrèrent la première fois. C’est suivant moi l’une des plus remarquables fêtes indiennes de l’Amérique du Nord ; elle pourrait bien avoir transmis quelque chose de son sens spirituel à la solennité du jour de l’an de la race blanche.

La fête de Bushkitou tombait à la fin de l’année, se prolongeait pendant huit jours, dont chacun avait sa cérémonie particulière ; mais ils étaient principalement consacrés au jeûne, aux purifications et à la méditation sur soi-même : Il est dit de temps à autre dans une narration au sujet de cette fête : « Ce jour (le troisième, le cinquième et le septième, si j’ai bonne mémoire), les hommes sont assis en silence sur la place. » Les purifications étaient des ablutions où la cendre jouait le rôle principal, et, chose remarquable ! cette cendre devait être apportée aux guerriers par des jeunes filles presque enfants ; il en était de même pour la nourriture qu’ils prenaient dans les intervalles du jeûne. Les hommes, car il n’est point parlé des femmes, exécutaient aussi, à la clarté du feu, des danses de