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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Le 16 juillet.

Si un étranger arrivait à Washington dans ce moment et jetait un regard du haut du Capitole sur ce magnifique pays ; s’il laissait voltiger ses pensées sur le territoire des États-Unis depuis l’Atlantique jusqu’à l’océan Pacifique et voyait flotter au Capitole, pendant la session du congrès, le drapeau parsemé d’étoiles des États-Unis, et s’il pensait :

« Quel sentiment de fierté les hommes de là dedans doivent éprouver en jetant au dehors un regard sur ce vaste et riche pays et en disant qu’ils y propagent la vie de la liberté ! »

Cet étranger ne manquerait pas d’être frappé d’étonnement si de l’intérieur du Capitole on lui répondait : « Non, c’est la vie de l’esclavage ! » Il ne manquerait pas de croire qu’il a mal entendu, que tout est possible, excepté une pareille monstruosité, un si épouvantable mensonge dans un pays dont la constitution dit : « Nous considérons comme irrécusables les vérités suivantes : Tous les hommes ont été créés égaux ; le Créateur leur a donné certains droits immuables, parmi lesquels se trouvent la vie, la liberté, la recherche du bonheur, etc. »

Cependant, si un étranger arrivait dans ce moment à Washington, s’il écoutait les voix du Capitole, il les entendrait s’élever seulement en faveur de la négation de la liberté.

Et, je l’avoue, j’ai éprouvé de l’amertume en entendant prononcer tous les jours au sénat des discours en faveur de l’esclavage par les hommes du Sud, sans que les abolitionnistes leur répondissent un mot. Dans ma surprise,