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LA VIE DE FAMILLE

chez les hommes de ces deux nations. Soulé s’est présenté au sénat, et, dans la question de la Californie, en défenseur des « droits du Sud, » mais en même temps en homme d’esprit et de tact. Lors d’une question où le vote devait nécessairement être contraire à la Louisiane, comme État à esclaves, il ne s’est pas moins déclaré pour le maintien de l’Union. Son grand discours a produit beaucoup de sensation, et je l’ai entendu louer par plusieurs. À la lecture, je n’y ai rien trouvé annonçant une nature élevée. Les droits politiques du Sud, voilà le but exprimé pour lequel il combat, et il en appelle à un sentiment chevaleresque avide de sa propre gloire. « Le Sud ne doit pas céder parce qu’il est le plus faible, et s’il doit être vaincu, qu’une rougeur honteuse ne couvre pas sa joue. » Soulé est un chevalier français, non de premier ordre ; ce n’est ni un Bayard ni un Turenne.

M. Dickinson, le froid sénateur d’Alabama, d’un extérieur sévère, est fort estimé pour son caractère intègre dans les rangs des hommes du Sud. Il est assis à côté de l’inflammable Mississipi, c’est-à-dire du plus jeune sénateur de cet État ; d’un physique agréable, d’une nature de feu, il parle vivement en faveur des intérêts du Sud. Le second sénateur du Mississipi, M. Foote, est plus âgé, petit, maigre, vif aussi, et, je crois, un ami ardent de sa patrie. Il est pour l’Union, et ses moments les plus brillants sont ceux où il se lance dans les dithyrambes polémiques contre quiconque la menace. Les explosions de ses saillies l’arrachent presque à la terre ; car toute sa personne, frêle et cependant musculeuse, suit avec de violents soubresauts les apostrophes de son esprit. Elles sont parfois si sévères, si foudroyantes, que je suis surprise de la patience avec laquelle le sénat et surtout certains sénateurs l’écoutent ;