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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

partie du voyage sur la Potomac. Les bords de cette rivière n’ont pas un grand caractère proprement dit, mais ils sont jolis, romantiques et présentent de beaux points de vue sur une contrée richement boisée, ayant montagnes et vallées. Nous avons soupé à Alexandrie, petite ville sur notre route, chez une femme amicale qui paraissait la trouver aussi remarquable que pourrait nous le paraître la vieille et classique Alexandrie.

Je suis allée tous les jours aux séances du sénat et des représentants, plus cependant à celles des sénateurs, parce que j’y entends bien et qu’elles me semblent, comme séances parlementaires, supérieures aux autres. Dans la chambre des représentants, chaque orateur ne peut parler qu’une heure de suite. Lorsqu’elle est écoulée et qu’une clochette sonne, un autre orateur a le droit de l’interrompre, fût-ce au milieu de l’argument le plus profond, au moment où l’esprit, ayant pris son vol, aurait pu espérer une attention plus prolongée. Comme, en général, les orateurs parlent avec une grande facilité, ont beaucoup de choses à dire, ils tiennent à profiter de l’heure qui leur appartient, et les discours se précipitent comme des avalanches dans cette chambre : c’est du moins ce qui a eu lieu toutes les fois que je m’y suis trouvée. Chez les représentants, il y a une certaine confusion qui forme contraste avec le décorum du sénat. Chaque sénateur parle aussi longtemps que bon lui semble et même pendant toute la séance, sans que personne ait le droit de l’interrompre, excepté pour des observations ou des marques d’approbation. Les discours du sénat et des représentants me font souvent penser aux paroles de M. Poinsett, lorsque je faisais l’éloge de la facilité avec laquelle les Américains prononcent des discours : « C’est un grand malheur. » Est-il moins grand dans d’au-