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LA VIE DE FAMILLE

pelle mortuaire avec porte grille en fer. J’ai glissé entre les barreaux une branche verte sur le tombeau.

Washington m’a toujours paru avoir, dans sa vie at dans son caractère, de la ressemblance avec Gustaf Wasa, quoique sa vie ait été moins accidentée, son esprit plus flegmatique, moins impulsif que celui du libérateur suédois. Wasa est une figure dramatique, Washington une figure épique ; Wasa était plus héros, Washington plus homme d’État ; Wasa était roi et Washington président. Tous deux avaient des âmes grandes, fortes, royales, dignes d’être placées à la tête de peuples libres ; Washington possédait peut-être à un degré plus élevé que Wasa la pureté du désintéressement comme chef suprême du peuple ; il était sans égal pour le sang-froid, et n’a laissé voir qu’une fois, dit-on, par un élan instantané, son émotion volcanique intérieure. L’idéal du caractère américain, « un esprit bien équilibré, » devait se trouver chez le grand président. Ses sentiments étaient nobles. Quand il avait commis une injustice, il en demandait ouvertement pardon. Ce que j’admire le plus dans son caractère et dans sa vie, c’est la persévérance. Ses manières n’étaient pas exemptes de hauteur, et son regard pouvait réduire au silence l’homme le plus téméraire. J’ai ouï dire que sa présence, quand même il était silencieux, se faisait toujours sentir comme puissance imposante. C’est le cas pour tous les grands hommes.

La mère de Washington était une femme paisible, au noble caractère et dont l’esprit bien équilibré paraît avoir passé à son fils. Malgré toute sa tendresse pour lui, elle avait des pensées trop élevées relativement au devoir, à la patrie, pour être fière de lui et de ses exploits. « J’espère que Georges remplira son devoir envers son pays, » dit-elle