Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
LA VIE DE FAMILLE

affreusement chaud. On y voit et entend divers personnages intéressants. Le sénateur de la Californie (magnifique figure de géant, et remarquable échantillon des habitants de l’Ouest) m’a fait cadeau d’une épingle en or de Californie, dont la tête est une masse de ce métal dans son état naturel ; avec un peu d’imagination, on y voit un aigle sur le point de prendre son vol.

Il est temps, ma chère Agathe, de fermer cette longue lettre. Je resterai probablement une quinzaine de jours à Washington, après quoi j’irai prendre des bains de mer pour me fortifier avant de continuer mon voyage. Au lieu de me diriger vers l’ouest, ce qui serait dangereux et pénible par les fortes chaleurs de l’été, je me dirigerai vers le nord, pour aller dans les États du Maine, du New-Hampshire, puis à l’ouest, à Chicago, en traversant les grands lacs, et de là aux colonies scandinaves.

Demain, 4 juillet, nous nous proposons, mademoiselle Lynch et moi, d’aller à Mount-Vernon, propriété qui a appartenu à Washington, et où il est enterré, afin de passer dans un calme profond le grand jour des États-Unis, le jour de la « déclaration d’indépendance, » célébré dans tout le pays, dans tous les États et toutes les villes, par des discours, des coups de feu et des toasts. Mademoiselle Lynch est ici comme dans son élément, et sans la moindre coquetterie elle attire par son animation et l’agrément de son esprit une foule de gens autour d’elle, d’hommes surtout. À ceux-ci elle adresse mainte petite vérité poivrée, mais si amusante, qu’ils la préfèrent à la flatterie. Mademoiselle Lynch a une facilité toute particulière pour les jeux de mots et les saillies, ce qui égaye toujours et répand un air frais dans l’atmosphère parfois pesante ou orageuse de la politique. Clay s’emportait un jour