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LA VIE DE FAMILLE

raient. Mary Townsend a traité son sujet en suivant la ligne biographique et poétique ; elle donne dans son livre l’histoire des métamorphoses des insectes. Ce petit livre est orné de gravures appropriées au sujet, représentant les différentes espèces d’insectes, surtout au moment où ils déploient leurs ailes dans l’espace.

Mary Townsend et sa jeune sœur, bien douée et maladive aussi, pas autant que Mary cependant, sont intimement liées par l’amour le plus affectueux, et occupées maintenant d’une chronique rimée sur l’histoire d’Angleterre, pour aider à la mémoire des enfants. Le père et la mère de M. Townsend forment un couple âgé de Quakers classiques. La principale occupation du père paraît être de soigner ses filles.

J’ai dîné chez Lucrétia Mott en compagnie de tous ses enfants et petits-enfants, jolie et florissante bande. Elle m’intéresse sans m’attirer ; son mari, M. Mott, âgé, vigoureux, paraît bien défendre sa place, mais il est éclipsé aux yeux de la multitude par la gloire de sa femme. On prétend qu’il en est content ; cela lui fait honneur.

Dans une leçon publique faite récemment sur Shakspeare, par un littérateur distingué, M. Dana, Desdemona a été représentée comme l’idéal de la femme à toutes les époques, et après lequel il n’y avait plus rien. Après la leçon, Lucrétia Mott se leva et dit : « Ami Dana, tu t’es trompé dans ton exposition de ce que la femme doit être ; je tâcherai de te le prouver. » Elle invita l’auditoire à se réunir dans cette salle à un jour donné ; il ne manqua pas de s’y trouver. Lucrétia fit un discours parfait, tout pénétré de cet amour de la vérité et de la valeur intrinsèque, base vitale de la secte des Quakers. Lucrétia est une femme, un orateur magnifique, et le serait encore davantage si elle écou-