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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

trant. Il a une faculté organisatrice extraordinaire pour tout ce qu’il entreprend, et en outre il est fort remarquable comme maître et directeur d’une école supérieure de Philadelphie, pour cinq cents garçons. Hart est aussi rédacteur d’un magasin littéraire (Sartines Magazine), et trouve le temps de faire beaucoup de choses en ménageant bien ses moments. Le matin, il va ordinairement au marché, et fait les acquisitions nécessaires pour le ménage ; une gentille servante le suit avec un panier. Je l’ai accompagné un jour afin de voir le marché de Philadelphie, dont la richesse est célèbre. Tandis que nous avancions dans les passages couverts où se trouvent les boutiques de toutes les denrées et friandises de la table (boucherie, volailles, poisson, légumes, fruits, qui ont chacune leurs divisions séparées le long des passages construits en planches dans une large rue), je vis mon compagnon écrire de temps à autre quelque chose sur un papier qu’il tenait à la main. Je crus qu’il inscrivait le prix de ses emplettes. En effet, mais la note était aussi pour moi, et contenait la liste de mes projets et entreprises de la journée, ce que je devais voir et visiter. M. Hart m’en donne ordinairement un aperçu chaque matin. « Je veux aujourd’hui, ma bonne dame, dit-il à une bouchère et marchande de volaille, une couple de poules grasses pour régaler la personne que voici. » La gracieuse marchande fit un signe de tête, choisit deux poules magnifiques, les donna à M. Hart, et à moi un gros bouquet. Je n’ai pu refuser mon admiration à ce marché, tant il était riche et propre. Malgré la foule des denrées et la forte chaleur, on n’y remarquait pas la moindre mauvaise odeur.

Nous déjeunons à huit heures et demie paisiblement et agréablement. À neuf heures, M. Hart va trouver ses cinq cents fils, dont il paraît prendre soin avec le plus grand