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LA VIE DE FAMILLE

C’est ma consolation, mon espérance. La clarté du soleil n’est pas un mensonge.

« Les ténèbres régnaient sur l’abîme, mais l’esprit de Dieu planait sur les eaux… »

Le 23 décembre.

Nous avions passé Bâton-Rouge. C’est le nom de la capitale politique de la Louisiane. Elle est située sur une hauteur de la rive droite du Mississipi. Un joli Capitole domine la petite ville, et une magnifique prison d’État, nouvellement achevée, a le pied dans les flots du fleuve.

Le Mississipi est fort large. Là se trouvent des bancs de sable et des îles verdoyantes ; ses eaux sont plus limpides. Le soleil luit, le paysage est lumineux et doux. On voit des plantations, des bosquets d’orangers, des villages d’esclaves, peints en blanc sur des champs verts, de vastes perspectives sous un ciel d’été. Le fleuve est couvert d’embarcations, de bâtiments à vapeur, de barques. Nous approchons de la Nouvelle-Orléans.

J’ai voulu aujourd’hui causer avec notre femme de charge, jolie et jeune mulâtresse. Je l’ai trouvée dans sa petite cabine, étudiant activement un grand abécédaire. Je l’avais déjà vue une couple de fois occupée de la même manière. Le maître d’hôtel a promis de lui apprendre à lire, mais en cachette ; et son impatience était grande d’être aussi avancée que lui dans la lecture. Je l’ai trouvée un jour seule dans notre salon, debout devant la Bible ouverte qui est toujours sur la table. Je lui demandai ce qu’elle faisait :

« Oh ! ce livre ! répondit-elle, je tourne et tourne ses feuil-