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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

blique deviendra une protection réelle pour les esclaves, plus réelle que la loi ne le sera jamais.

« On est forcé d’être plus justes et plus doux, même dans l’intérêt de sa propre sûreté. J’ai connu des temps ici où le planteur n’a pas eu des nuits calmes, où il ne se couchait jamais sans avoir des pistolets chargés à balle près de lui.

« Si on voulait essayer de traiter les esclaves avec raison et justice, on serait étonné du succès de cette méthode. Les nègres sont extrêmement sensibles à la bonté, au sentiment du juste, et enclins à se soumettre à une véritable supériorité. Si l’homme blanc savait se servir de cette disposition, il gouvernerait le nègre, ou du moins le ferait travailler sans coups de fouet.

« Je n’ai jamais fait usage du fouet dans mes plantations pour activer le travail ; je n’en ai pas eu besoin. La justice à l’égard des nègres et l’ordre ont suffi pour les faire bien travailler. Je n’ai laissé employer le fouet (on ne peut s’en passer dans l’état actuel de la civilisation des noirs) que pour punir le vol ou les batteries. Il est inutile pour activer le travail.

« Je suis convaincu que l’on pourrait faire des esclaves des travailleurs libres, et qu’ils travailleraient tout aussi bien. Les fables qu’on débite sur l’émancipation ne sont dans ma pensée que des rêves ; si elle avait lieu graduellement et avec intelligence, elle se ferait sans danger et sans difficulté. Les expériences faites par quelques personnes, et entre autres messieurs Macdonoughs et Henderson, l’ont prouvé.

« L’éducation, en y rattachant la perspective de la délivrance, serait un bon moyen à employer.