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LA VIE DE FAMILLE

tisfaits et si bien portants, que je fais d’ordinaire une fois par jour ma ronde pour les voir.

Je veux te parler des connaissances que j’ai faites ici. D’abord, deux jeunes sœurs de l’État de Vermont, boutons de roses et dont l’âme est pure comme le cristal ; ce sont de vraies filles de la Nouvelle-Angleterre en ceci, qu’elles auraient pu vivre commodément chez elles, et ont préféré gagner leur pain comme institutrices, se créer une existence indépendante ; elles te raviraient comme moi. L’aînée a vingt-cinq ans et va prendre la direction d’une école supérieure de femmes dans l’État du Mississipi. La cadette, elle n’a que dix-sept ans, entrera comme élève dans la maison d’enseignement dont sa sœur aura la direction supérieure. Toutes deux sont charmantes. Chacune a son frère favori, dont elle fait l’éloge ; elles sont orphelines. Parfois, debout sur la plate-forme, elles chantent des duos avec des voix délicieuses.

L’aînée est le plus joli type de la jeune institutrice du Nouveau-Monde. Quoique délicate et svelte, gracieuse, elle est plus ferme sur sa base que toutes les Alpes et les Pyramides de l’univers. Elle comprend Euclide et sait l’algèbre aussi bien qu’un maître ès arts, et sait beaucoup mieux que ceux-ci diriger une école de gamins turbulents. « J’aime à gouverner les petits garçons, » dit mademoiselle G., avec un sourire qui lui est particulier. Connaissant son pouvoir, elle se charge sans trouble de la mission de l’enseignement, non pas comme maîtresse, mais avec le sentiment qu’elle est l’une des jeunes mères de l’humanité.

Mon autre connaissance agréable du bord est un monsieur de quarante à cinquante ans, porteur d’une de ces figures jolies et pures qui inspirent immédiatement la confiance. Mon nouvel ami a quelque chose de flegmatique