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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

trouvait, dit-on, aucun plaisir à la cruauté, mais on comptait pour rien la vie des Indiens.

Au printemps de l’année suivante, Soto résolut de remonter la rivière Blanche jusqu’à son embouchure, pour savoir des nouvelles de la mer ; il s’égara dans les marais qui longent la rivière Rouge et ses affluents. Ayant pénétré dans une contrée appelée Guachoga, il demanda au chef à quelle distance on était de la mer ; le chef ne put le dire. « Y a-t-il des lieux habités dans ce pays jusqu’à l’embouchure de la rivière ? » On répondit que toute la contrée était marécageuse et inhabitée. Soto ne voulut pas croire un avis aussi inquiétant, et envoya des hommes à cheval, pour s’en assurer, dans la direction du Sud, le long du Mississipi. Ils ne purent, dans l’espace de trente jours, faire trente milles, tant leur course avait été constamment entravée par des marais, des forêts épaisses, et des roseaux impénétrables.

De Soto écouta ce rapport avec un sombre silence. Les hommes et les chevaux mouraient autour de lui, et les Indiens commençaient à devenir de plus en plus dangereux. Il essaya, près de Natchez, d’effrayer une de leur tribu, en disant qu’il était d’une origine surnaturelle, et exigeait la soumission des indigènes.

Le chef répondit : « Vous prétendez être le fils du soleil ? Eh bien ! desséchez cette rivière, et je vous croirai. »

De Soto ne pouvait plus effrayer ni punir. Son entêtement orgueilleux et sa fierté s’étaient transformés en une sombre mélancolie ; sa santé commençait à faiblir dans cette lutte contre les adversités et la souffrance. Une fièvre de nature pernicieuse le dévorait, il fut mal soigné, et sa petite armée était réduite à trois cents hommes.

Quand Soto sentit approcher la mort, il réunit autour de