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LA VIE DE FAMILLE

des armes et des outils de toute espèce, ainsi que des chaînes et des bouledogues destinés aux Indiens.

C’était au mois de mai 1539. Partout où ces aventuriers pénétraient, on célébrait la messe avec exactitude et splendeur ; partout également ils commettaient des violences et des cruautés envers les indigènes. Dans les camps ils se livraient avec rage à la passion du jeu.

Leur première année de courses les conduisit dans la Géorgie, qu’on appelait encore, comme tout le continent du sud-est, la Floride. La marche était pénible, souvent dangereuse, à cause de l’inimitié des Indiens. Les Espagnols trouvèrent du maïs en abondance, mais pas d’or ni de villes, rien que d’insignifiants villages indiens ; les sauvages ne connaissaient pas de contrée où il y avait de l’or. Quelques-uns des compagnons de Soto l’engagèrent à rebrousser chemin ; mais il répondit :

« Je n’abandonnerai pas cette entreprise que je n’aie vu de mes propres yeux la pauvreté de ce pays. »

Il fit brûler ou mutiler des Indiens qu’il soupçonnait de l’égarer à dessein. D’autres chefs captifs, effrayés par cet exemple, donnèrent à entendre qu’il y avait de l’or plus au nord-ouest. De Soto et ses compagnons s’avancèrent donc davantage en dévastant et pillant tout sur leur passage.

La seconde année les amena dans la partie montagneuse de la Géorgie, où ils rencontrèrent les doux et paisibles Indiens Cherokées. Une partie des compagnons de Soto voulut s’établir dans cette belle contrée, se livrer à l’agriculture et jouir des biens de la terre ; mais Soto avait promis à l’Espagne de l’or et de grandes villes ; le fier Espagnol ne voulait pas s’arrêter qu’il ne les eût trouvés. Soto était un homme opiniâtre, parlant peu, d’une