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LA VIE DE FAMILLE

lumière intérieure, rendue plus brillante par le soleil de la révélation chrétienne ; y puisant pour elle et pour les autres des oracles qui échappent à l’oreille, au regard distrait du monde. Des poëtes comme Whittier, des orateurs comme Lucrétia Mott, prouvent que l’esprit et ses riches dons reposent encore sur la société des Amis.

Les Quakers des États-Unis sont, dans ce moment, divisés en deux sectes qu’on ne peut pas précisément appeler amies. Les « Quakers Hicksite se sont séparés de la société orthodoxe. » Cette dernière se rapproche, comme autrefois, de la confession des Trinitaires, l’autre de celle des Unitaires.


Le 27 juin.

J’ai assisté hier à une assemblée de Quakers orthodoxes. Dans une salle verte et claire, sans aucun ornement, deux cents personnes environ étaient réunies, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre ; il y avait, en outre, une foule d’enfants. On était assis, en silence, sur des bancs, en regardant devant soi, excepté moi, qui parcourais des yeux mon entourage. La température était fort chaude, le silence et l’immobilité de l’assemblée m’oppressaient ; je me disais continuellement : « L’esprit ne touchera-t-il pas enfin quelqu’un ? » Non, l’esprit ne bougeait pas. Un vieux monsieur toussa, j’éternuai, les feuilles s’agitaient faiblement en dehors de la fenêtre ; je n’aperçus pas d’autre mouvement. Les femmes assises avec leurs chapeaux gris, tous de mêmes couleur et forme, ressemblant à des bateaux renversés à fond plat, me plaisaient moins que d’habitude. Cependant je vis beaucoup de visages dont les yeux et l’expression annonçaient la profondeur de l’esprit, quoiqu’elle manquât