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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

sur le bord de l’océan Pacifique, où nous allons nous arrêter un moment, car je suis presque fatiguée par cette longue promenade. Les Américains du Nord ne se seraient pas arrêtés qu’ils n’eussent pris possession de toute la partie méridionale de leur empire. Nous sommes déjà près de Panama, avec ses chemins de fer, ses canaux, ses magasins de commerce, ses foyers, ses églises et ses écoles. Les Américains disent avec calme du pays situé entre Panama et Rio-Grande (tout le Mexique central) : « Quand ceci nous appartiendra, alors, » etc.

Je ne vous parlerai pas des institutions et des constitutions de ces États, de leurs rapports avec le gouvernement central. Vous connaissez depuis longtemps, et mieux que moi, la constitution politique si remarquable qui ouvre un champ vaste et sans limites au développement non-seulement des individus, mais de la société. Sa civilisation me semble prouver mieux que tout le reste que la destinée des peuples est arrêtée par la Providence avant qu’ils n’y mettent eux-mêmes la main. Ils sont obligés de réaliser son plan ; la question est uniquement qu’ils s’en acquittent bien ou mal.

Évidemment les fondateurs de la république américaine, Washington et ses hommes, n’avaient pas un aperçu philosophique de l’œuvre qu’ils faisaient, aucun pressentiment de l’avenir dont ils posaient la base. Ils suivaient l’impulsion de la nécessité, exécutaient ce qu’ils étaient obligés de faire sans savoir pourquoi. Pendant longtemps, ces États ont grandi comme les lis des champs au soleil de Dieu, en ignorant dans quel but et dans quelle intention.

C’est depuis peu seulement qu’une partie des Américains commence à comprendre la grande mission qu’ils sont ap-