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LA VIE DE FAMILLE

natures, de caractères, d’humeurs, que l’on peut imaginer, se trouvent et s’expriment ici avec une vie intellectuelle des plus prononcées.

On ne peut méconnaître, cependant, ce qui caractérise spécialement le peuple et la vie politique des États-Unis, c’est-à-dire la conscience d’une vie humaine et civile plus haute, et leurs efforts pour l’atteindre. J’ai trouvé partout l’opinion publique éveillée sous ce rapport. Les individus qui se distinguaient dans ce sens, et appelés nos meilleurs hommes, ou bien nos meilleures femmes, étaient remarquables par leur intelligence et un amour de l’humanité actif. J’ai été frappée de ce que, dans des sociétés très-opposées, ces individus se ressemblaient par ce jugement et ce nom qui leur était donné dans chaque cercle.

L’Amérique du Nord ne présentera peut-être pas des figures humaines aussi pittoresques par le caractère, l’entourage et les circonstances qu’en Europe ; mais il est probable qu’elle deviendra plus riche en figures harmonieuses, de celles qui réunissent dans une belle et douce humanité l’homme et le citoyen.

Je ne crois pas que dans aucun pays les particuliers en fassent autant qu’ici pour le bien général, surtout dans les États où il n’y a pas d’esclaves. Le sentiment du bien public, de l’amélioration du peuple et du pays, de l’ennoblissement de l’humanité, pourrait bien ne pas être aussi vivant et actif ailleurs. Le peuple des États-Unis a le cœur chaud, et ce qui lui donne un droit éternel au progrès, c’est son imitation du Christ. Je dis le peuple des États-Unis, et je le maintiens. Otez l’esclavage des États du Sud (il en disparaîtra, car il en est déjà expulsé en partie par le christianisme, par l’émigration du Nord), et vous y trouverez le même cœur, le même esprit.