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LA VIE DE FAMILLE

prend des résolutions concernant l’éducation populaire, les communications avec le monde entier ; puis on fait des chemins de fer, on creuse des canaux, on construit des bateaux, on navigue sur les rivières, on parcourt les forêts, on traverse les montagnes. Au milieu de tout cela, les hommes bâtissent de jolies maisons qu’ils entourent d’arbres, et leurs femmes règnent en souveraines dans le foyer sanctifié. C’est ainsi qu’on prend possession du pays, que la société s’y régularise et que l’État se trouve prêt à entrer comme État politique indépendant dans le grand groupe de l’Union. Quoique les deux tiers des habitants de la vallée du Mississipi soient composés d’Allemands, de Scandinaves, d’Irlandais et de Français, l’esprit législateur et civilisateur n’en est pas moins anglo-normand.

Le caractère de l’Ouest diffère sous certains rapports de celui des États de l’Est ; il est plus large, plus cosmopolite. Son peuple est un composé de beaucoup de peuples, et l’on prétend que ce caractère se fait jour dans des constitutions plus libérales, dans des points de vue et usages plus exempts de préjugés. Les sectes y sont moins exclusives. Les prêtres prophétisent la venue d’une Église de mille années, dans laquelle toutes les sectes se réuniront ; ils parlent de la nécessité de la civilisation temporelle, des sciences, des lettres, pour amener le développement complet de la vie religieuse.

La ville de l’Ouest est donc cosmopolite. Les Allemands ont leurs quartiers (parfois la moitié de la ville), leurs journaux, leurs clubs ; il en est de même pour les Irlandais et les Français. Le Mississipi réunit tous ces peuples : leur activité, leurs habitations, font circuler la vie et les habitants de toutes les zones, d’un bout à l’autre de cette immense vallée centrale.