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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

avancent vers le sud jusqu’à ce qu’ils deviennent, dans la Louisiane, des marais fangeux où les alligators pataugent dans la vase. La canne à sucre et les palmettes croissent dans cette chaude température embaumée par les bosquets d’orangers. Ces prairies contiennent une grande variété de sols, de climats, de produits. Mais je veux laisser parler un de leurs habitants qui les connaît parfaitement.

« La grande vallée centrale de l’Amérique du Nord a une étendue de vingt et un degrés de latitude et quinze de longitude. Elle commence à sourire en sortant de son état naturel et appelle déjà les masses populaires qui débordent du trop-plein des sociétés du monde, en leur offrant la récompense du travail, en leur fournissant les moyens de pourvoir à la subsistance d’une population incalculable. La nature a doué cette vallée de richesses végétales et minérales très-remarquables ; lui a donné une surface appropriée à tous les goûts, les besoins ; les rivières qui la traversent peuvent être employées à une foule d’industries diverses, à un négoce immense embrassant tous les genres de produits de la zone tempérée, dans ses limites septentrionales et méridionales.

« Cette vaste étendue de pays, cette riche et fertile vallée entre les sources du Mississipi au nord, et le golfe du Mexique au sud, les montagnes Rocheuses à l’ouest et les monts Alleghany à l’est, était, il y a peu de temps, un désert ; elle contient maintenant onze États entiers, des parties de deux autres et deux territoires. L’activité, le travail l’animent ; elle est appelée à nourrir la moitié de la population des États-Unis. On ne peut pas calculer son importance, non plus que celle de l’Union américaine et sa puissance. Toutes les parties habitables du globe se ressentiront de son influence, et cette vallée deviendra leur jardin et leur gre-