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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Le plus beau phénomène moral observé par moi dans ces États, c’est la lumière du christianisme faisant invasion chez les enfants de l’Afrique, et les efforts que font les chrétiens véritables, surtout en Géorgie, pour répandre l’instruction religieuse parmi les esclaves, amener leur affranchissement et les coloniser à Libéria sur la côte africaine. Tous les ans, un navire part de Savannah pour cette colonie, chargé d’esclaves affranchis, des objets nécessaires à leur établissement dans leur patrie primitive.

Mais ce n’est là qu’un petit point lumineux du sombre tableau de l’esclavage dans ces États ; c’est l’œuvre de quelques particuliers. Les lois manquent de lumière, d’esprit de droiture à l’égard des esclaves, et sont indignes d’un pays et d’un peuple libres.

Je me suis enfuie, au mois de mai, du Sud enflammé pour me diriger vers le Nord, d’abord dans la Pensylvanie, puis dans le Delaware. J’ai passé la plus chaude partie de l’été à Philadelphie, à Washington. Ce qui m’a intéressée dans la première de ces villes, ce sont les quakers et la vie de la lumière intérieure, leurs bons et bienfaisants établissements. J’ai lu la « Déclaration de l’indépendance », la grande lettre de franchise du peuple américain dans la salle où elle a été signée ; puis je me suis rendue à Washington pour assister aux luttes du Congrès, sur la grande question débattue entre les États libres et les États à esclaves, entre le Nord et le Sud, au sujet de l’annexion de la Californie et du Nouveau-Mexique comme États libres. La lutte a été ardente et l’Union menacée de se dissoudre. Vous connaissez par les journaux le compromis qui a décidé la question et calmé les esprits pour un temps ; car la querelle et les dangers subsisteront ouvertement ou secrètement tant que l’esclavage et les esclaves existeront