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LA VIE DE FAMILLE

purification. Ce que nous appelons civilisation et progrès a augmenté mille fois les tentations, — dix mille fois dans ce pays. La lutte de la richesse, du luxe, de l’ambition, de l’orgueil, est ouverte à tous. Avec nos priviléges multipliés sont venus, non-seulement des devoirs multiples que nous ne pouvons nier, mais encore des dangers nombreux auxquels nous pouvons succomber. Où règnent l’oppression et le despotisme, les nobles capacités de l’homme sont amoindries, éteintes, privées de leur empire ; mais l’oppression et le despotisme éteignent aussi la puissance des passions mauvaises de l’homme. Tout ce qu’il y a de corrompu et de vil dans le cœur de l’homme jouit dans ce pays d’une liberté, d’un espace inconnus autrefois. La perversité comme la vertu, la méchanceté comme l’amour de l’humanité, ont ici leurs machines à vapeur, leurs presses puissantes, leurs télégraphes électriques. Les chaînes conservatrices du respect aveugle pour l’autorité, de la crainte aveugle pour les maîtres en fait de religion, les lois pénales cruelles, qui contenaient autrefois les passions sauvages des hommes et paralysaient toute espèce d’énergie, sont maintenant brisées. Si la retenue intérieure et morale n’avait pas remplacé la retenue extérieure et arbitraire, le peuple, au lieu d’être le maître et le vainqueur de ses passions, en serait l’esclave et la victime. Même la révélation la plus claire venue du ciel et les influences sanctifiantes émanées de Dieu, à moins qu’elles ne soient données chaque jour et à chaque instant de manière à anéantir tout mouvement du libre arbitre, ne peuvent pas exclure un exercice vertueux comme exigence et préparation à une vie heureuse, et honorable. L’homme qui ne cherche pas à faire entrer dans toutes les habitudes, dans tous les sentiments de la jeunesse, l’influence et l’activité de la mo-