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LA VIE DE FAMILLE

comprendrai mieux alors le Nouveau-Monde, j’en parlerai mieux, ainsi que de l’amour de l’humanité qu’il porte dans son sein. » Voilà ce que je me disais.

Maintenant je suis à Cincinnati. J’ai vu et je vois devant moi le grand Ouest dans la région centrale de l’Amérique du Nord. J’ai parcouru la vallée du Mississipi, ce foyer futur de cent soixante-quinze millions d’individus. J’ai voyagé sur le grand fleuve, dont les rives fourmillent déjà d’Européens, depuis le Minnesota, terre natale sauvage des tribus indiennes, et les chutes d’Anthony, qui ferment le cours du fleuve au nord, jusqu’à son embouchure dans le golfe du Mexique.

Tandis que je me repose sur le rivage de l’Ohio, « la belle rivière, » dans l’un des beaux et paisibles foyers qui se sont ouverts pour me recevoir, tout le long de ma course à travers l’Amérique ; où j’ai trouvé le calme de la maison maternelle, la paix, l’amour, la joie et de nouvelles forces ; — je veux causer avec vous, le meilleur ami de mon esprit et de ma pensée. Je vous ai rencontré tard, mais pour l’éternité. Hélas ! même dans ce moment, je ne puis vous dire que quelques mots seulement de ce que j’ai vu et appris dans ce monde nouveau. Mais vous comprendrez ce que j’indiquerai d’une manière incomplète, et vous pénétrerez plus avant dans ce labyrinthe avec le fil que je mets entre vos mains.

Vous le savez, je ne suis pas venue en Amérique pour chercher des objets nouveaux, mais plutôt une espérance nouvelle.

Pendant que la moitié de l’Europe, après avoir lutté pour conquérir la lumière et la liberté, s’est trompée en partie sur son but, et ne sachant pas nettement ce qu’elle voulait, paraissait (en apparence du moins) retomber sous un despo-