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LA VIE DE FAMILLE

l’argent ; leur nombre va croissant à mesure que l’on avance dans l’Ouest. On m’a raconté à Cincinnati que, dans un bal à San Francisco (Californie), il s’est trouvé cinquante cavaliers pour une dame. On disait aussi que dans un district aurifère, où il y avait beaucoup d’hommes et pas une femme, on a placé dans une sorte de musée une robe de bal, qu’on montrait moyennant une rétribution.

Je soupçonne que ceci fait partie des traditions mythologiques du grand Ouest.

On peut, je crois, en dire autant du jardin de plaisance de l’Éden, près de Cincinnati, où l’on m’a invitée à aller. C’est, dit-on, un grand vignoble ; mais la beauté de la vue dont on jouit sur ces hauteurs justifie peut-être son nom. La culture de la vigne, la fabrication du sherry et du champagne sont en grande croissance autour de Cincinnati.

LETTRE XXX.


À MONSIEUR LE PASTEUR P.-J. BOEKLIN.


Cincinnati (Ohio). 27 novembre 1850.

J’ai passé plus d’une année dans le Nouveau-Monde sans remplir la promesse de vous écrire, mon ami et mon maître, sans vous dire ce que je pense, ce que j’espère de ce pays ; et cependant vous désirez le savoir.

Je n’ai pu vous écrire plus tôt, mon ami, ne voulant pas