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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

ou la plus élégante qui attire davantage l’attention. J’ai vu M. Harrison, très-jeune encore et fort agréable, se consacrer pendant des heures entières à mademoiselle Harriet et avoir avec elle un entretien des plus animés. Il est vrai que M. Harrison a pour elle la plus grande considération, ce qui prouve son bon goût.

Je me souviendrai toujours avec les tendres sentiments d’une sœur de quelques jeunes personnes dont j’ai fait plus tard la connaissance ici : l’une d’elles surtout, qui, frappée d’une douloureuse adversité, loin de permettre à l’amertume de pénétrer dans son cœur, y a laissé entrer la sympathie pour tous ceux qui souffrent. Que la paix de Dieu repose sur cette jeune personne ! Elle aurait pu me devenir extrêmement chère… mais il faut songer à faire mes préparatifs de voyage.

La Belle-Key, ce bateau à vapeur sur lequel je vais m’embarquer, a été appelé ainsi en l’honneur de la fille de son propriétaire, une « belle de Louisville, » dit-on. C’est une espèce de navire géant, qui porte à la Nouvelle-Orléans toutes sortes de produits du grand Ouest pour les fêtes de Noël. Il fait froid maintenant à Cincinnati. La reine de l’Ouest répand de la suie et des cendres sur la ville et noircit tout. J’ai impatience de me retrouver sur le Mississipi.

P. S. Les commérages du grand Ouest assurent qu’on y trouve abondamment des épouseurs. Chaque jeune personne en a au moins trois ou quatre, parmi lesquels elle peut choisir. Il est certain que le nombre des hommes paraît y croître singulièrement en comparaison de celui des femmes. C’est le contraire dans les États de l’Est. Les hommes vont dans l’Ouest pour chercher de l’occupation et de