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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

où ils sont ; ils veulent approcher du moment de leur métamorphose les yeux ouverts, l’esprit vigilant, avec la complète connaissance de l’importance de ce passage, et s’y préparer.

Le 15 décembre.

Une journée de haute vie, par suite d’impressions et de pensées vivifiantes concernant le cerveau de l’homme, ce point central de l’homme relativement à l’univers ; des coups d’œil pleins de pressentiments venus de ce soleil et de ce point de vue concernant le développement infini de toutes les parties de la vie, se sont placés bien haut dans mon âme. Pourrai-je un jour m’emparer de ce monde de la pensée, qui lance des éclairs en moi, le posséder complétement ?

Je ne puis t’en dire davantage aujourd’hui, car j’ai plusieurs lettres à écrire, dont l’une pour Boeklin, que je renfermerai dans la tienne ; tu peux la lire si tu le veux. Malgré tout l’intérêt qui m’attache ici et le charme du foyer où je me trouve, je suis impatiente de partir pour me rendre dans le Sud. J’ai peur de l’hiver, de l’air rude de Cincinnati et des appareils de chauffage des foyers américains. Ils sont probablement la cause de l’état maladif, qui prend de plus en plus le dessus parmi les classes qui vivent commodément et presque toujours enfermées dans leurs maisons. Je suis impatiente également d’arriver dans le Sud avant Noël, afin d’avoir occasion, si la chose est possible, de voir les danses et les fêtes des nègres dans les plantations à cette époque. On m’a beaucoup parlé du bonheur des esclaves noirs en Amérique, de leurs chants, de leurs